Newsletter Fondation Léon Fredericq - DECEMBRE 2021

Newsletter 02 - DECEMBRE 2021

Actualité

Grâce à vous, 2021 Année RECORD ! 4.000.000€ en faveur de la recherche médicale et de la lutte contre le cancer à Liège ! MERCI !

Photo du groupe

Le mercredi 10 novembre dernier, la Fondation Léon Fredericq a procédé à la Proclamation officielle des Lauréats 2021-2022 de ses Bourses et Prix en faveur de la recherche médicale, des projets innovants et de la lutte contre le cancer à Liège. A cette occasion, ce sont 163 subsides qui ont été attribués à des chercheurs impliqués dans toutes les composantes de la médecine à la suite d’un appel à projets lancé en avril dernier.

Grâce au soutien de partenaires - entreprises et associations -  mais aussi et surtout grâce aux legs et aux dons privés, la Fondation Léon Fredericq et les Fondations qui lui sont associées ont distribué à ces chercheurs un montant exceptionnel de plus de 4.000.000€, sous la forme de subsides, bourses d’équipement, bourses de voyage, bourses de fonctionnement, bourses de recherche clinique et prix spécifiques. UN NOUVEAU RECORD HISTORIQUE pour la Fondation Léon Fredericq !!!!

En quelques chiffres, la Fondation Léon Fredericq met à la disposition des jeunes chercheurs, en 2022, 5 bourses de voyage, 4 subsides de recherche clinique, 33 subsides de fonctionnement-équipement, 24 prix spécifiques, 67 crédits forfaitaires, 14 bourses de Fondations associées, 2 subsides exceptionnels et 6 subsides destinés à soutenir des projets concernant la promotion de la qualité de la réadaptation au CNRF (Centre Neurologique et de Réadaptation fonctionnelle du CHU de Liège).

La Fondation Léon Fredericq a également remis un important subside en faveur d’un projet innovant au bénéfice du patient portant sur « la récupération motrice après un AVC ». Depuis 3 ans, la Fondation lance un appel à « projets innovants » avec pour objectif de soutenir des projets améliorant la prise en charge, le suivi et le bien-être des patients mais ne bénéficiant actuellement d’aucun financement par les pouvoirs publics et par l’INAMI. Après avoir attribué une aide en Oncologie en 2019 et en Infectiologie en 2020, la Fondation a décidé de soutenir en 2021 un projet en Neurologie à hauteur de 50.000€. L’appel 2022 concernera, quant à lui, la cardiologie.

Pour inciter à l’innovation, la Fondation a également remis 2 crédits d’impulsion : d’une part, 100.000 € en faveur d’un projet sur « les cancers HPV-dépendants » ; et d’autre part, le crédit d’impulsion « Francine Deberg » -d’un montant de 300.000€ - en faveur d’un projet portant sur « les cancers du rein », grâce à un legs reçu cette année par le biais de l’Université de Liège.

Enfin, la Fondation a remis officiellement 5 importants subsides en faveur de gros équipements dédiés notamment à la recherche contre le cancer, ce à hauteur de 2 millions d’euros. Un soutien rendu possible exclusivement grâce à des legs réalisés en faveur de - et selon la volonté des testateurs - la recherche contre le cancer. Une aide véritablement substantielle pour les chercheurs en cancérologie.

C’est donc un soutien total de plus de 4.000.000€ qui est apporté à la recherche médicale à Liège par la Fondation Léon Fredericq en 2022. Des aides ponctuelles de stimulation pour de jeunes chercheurs continuellement en recherche de moyens nouveaux et complémentaires !

Actualité

Michaël HERFS, Lauréat 2021-2022 d'un crédit d'impulsion exceptionnel, sur les traces du papillomavirus

Michael Herfs 2021

Jeune « chef de labo » de 37 ans, le Docteur Michaël Herfs est déjà reconnu comme une référence internationale dans son domaine avec une foule de publications sur le papillomavirus (HPV), ce fléau responsable du cancer du col de l’utérus. Depuis son doctorat en Sciences Biomédicales à l’Université de Liège, le Verviétois d’origine n’a cessé de se passionner et de se questionner sur cette étrange MST, au cœur de sa thèse (2010) puis de son post-doctorat à Harvard (Boston, USA). Aujourd’hui chercheur qualifié FNRS, il a monté son propre laboratoire au sein du GIGA-Cancer, où il dirige depuis 2018 une équipe d’une dizaine de chercheurs « pour continuer à étudier notamment les infections par HPV et le risque de cancer qu’elles engendrent, car il reste beaucoup de zones d’ombre ! ».

Pour Michaël Herfs, « On a tendance à l’oublier mais, malgré un vaccin disponible depuis 2008, le papillomavirus est toujours responsable de 570.000 cancers du col par an dans le monde ! Rien qu’en Belgique, 850 femmes en sont victimes chaque année. Une sur deux en décède, et celles qui y survivent doivent subir des chirurgies très lourdes associées à des chimio/radiothérapies... ». Très contagieux, le papillomavirus reste « la MST la plus répandue au monde », rappelle le chercheur. 

Pourquoi le vaccin ne suffit pas ?

Face au cancer du col, « le problème est qu’on ne dispose à l’heure actuelle que de traitements dits « prophylactiques », comme le vaccin, qui prévient certaines infections par HPV. Mais une fois que le virus s’est installé, c’est trop tard, le vaccin est inefficace ! À l’heure actuelle, il n’existe aucune thérapie spécifique contre le cancer du col… Or on ne guérira jamais une maladie qu’on ne comprend pas ! ».

Mais pourquoi le vaccin ne suffit-il pas ? « D’abord parce que la vaccination est assez récente (depuis 2008) ; environ 70 % des jeunes filles sont vaccinées, ce qui reste insuffisant. Et du côté des garçons (infectés également mais souvent asymptomatiques), le vaccin n’est remboursé que depuis deux ans, on n’en est encore qu’au tout début ! ». Autrement dit les bénéfices de la vaccination ne se feront sentir qu’à la prochaine génération, d’ici 25 ans, estime le checheur. Par ailleurs, comme beaucoup de vaccins, celui contre le papillomavirus est efficace mais demeure imparfait : « sur 228 souches virales connues, 14 sont identifiées comme cancérigènes. Le vaccin en couvre 7, les plus répandues ». Pour Michaël, ce sont autant de bonnes raisons pour poursuivre la recherche.

Le tendon d’Achille de la gynécologie

Le nouveau projet de recherche de Michaël vient de remporter le soutien de la Fondation Léon Fredericq, avec un crédit d’impulsion exceptionnel de 100.000 €. Ce projet, il le résume en une question simple : « Alors que le papillomavirus peut infecter l’entièreté du tractus gynécologique depuis la vulve jusqu’à l’utérus en passant par le vagin, il va se loger presque systématiquement au niveau du col de l’utérus… Mais pourquoi ? ». De fait, pour 20.000 cas de cancers de la vulve et autant de cancers du vagin, on compte 570.000 cas de cancers du col dans le monde, « comme si le col de l’utérus était le tendon d’Achille de la gynécologie ».

La réponse, Michaël est en train de l’explorer avec son équipe : « Si le col sert ainsi de « nid douillet » aux HPV cancérigènes, c’est peut-être parce qu’il abrite ce qu’on appelle une jonction muqueuse ». Il s’explique : « La vulve, le vagin et l’extérieur du col sont tapissés par un tissu multicouches (pluristratifiés), tandis que l’intérieur du col, l’utérus et les trompes sont tapissés par un tissu monocouche. Ces deux types de tissus se rencontrent à un endroit particulier, pile au niveau du col. L’inflammation chronique rencontrée à cet endroit expliquerait la persistance accrue des infections par HPV et leur transformation cancéreuse ». Ce type de jonction muqueuse, on en retrouve également « à la rencontre de l’œsophage et de l’estomac, ou encore du rectum et de l’anus. Or on le sait depuis longtemps, ces sites anatomiques sont particulièrement susceptibles aux développements cancéreux ! ». Si l’hypothèse se vérifie, « nos résultats devraient aussi permettre de mieux comprendre les cancers de la gorge, dont la moitié sont également causés par des papillomavirus  à la jonction entre la cavité bucale et le tractus respiratoire », anticipe le chercheur.    

Des engagements multiples contre le cancer 

Brillant, passionné, dynamique, Michaël ne limite pas son engagement contre le cancer à la recherche. Très impliqué dans le Télévie, il coordonne depuis 2017 l’ensemble des activités de l’association caritative au sein du CHU et de l’Université de Liège, et réalise des séances de sensibilisation au cancer dans les écoles secondaires. Des engagements complémentaires selon lui : « La Fondation Léon Fredericq au niveau local est tout aussi importante que le Télévie au niveau wallon. Il n’y aurait jamais d’innovation médicale, jamais de nouveaux traitements sans leur soutien pour la recherche fondamentale ! Alors merci au Télévie, et merci à la Fondation Léon Fredericq ! ».

Zoom sur nos chercheurs

Chloé MAURIZY, sur la piste de nouveaux traitements contre les "triple négatifs"

Chloé Maurizy (1)

 

Elle a poussé les portes du GIGA il y a un peu plus d’un an, avec une idée en tête : apporter sa pierre à l’édifice sur le chemin de nouveaux traitements contre les cancers du sein dits « triple négatifs », les plus agressifs. Française de 32 ans originaire de Montpellier, Chloé Maurizy y a obtenu un Master en Génétique et Biologie du cancer puis un Doctorat en Biologie médicale. En 2017, elle défend une thèse remarquée sur le cancer colorectal, avant de changer de cap : « À cette époque, j’ai été très touchée dans ma famille par plusieurs cancers de la femme. Je ne pouvais pas rester les bras croisés ». C’est ce qui l’a menée à Liège pour un post-doctorat sur le cancer du sein, en tant que chercheuse Télévie au sein du laboratoire de Chimie Médicale du GIGA Stem Cells. Mais pourquoi Liège ? « En recherche, il faut des moyens pour ses ambitions. Avec ses équipements, sa structure multidisciplinaire et ses réseaux de collaboration solides, le GIGA m’a paru rassembler les meilleures conditions pour faire de la « bonne science »

Les « triple négatifs », parents pauvres des traitements

Ce n’est pas un hasard si la jeune chercheuse a choisi pour cible les fameux cancers « triple négatifs ». « Non seulement ce sont les plus agressifs, ceux qui produisent des métastases pulmonaires, mais ce sont aussi ceux qu’on traite le moins bien » . Elle s’explique : « pour pouvoir traiter un cancer de manière ciblée, il faut d’abord identifier les marqueurs qui caractérisent les cellules tumorales. Pour le cancer du sein, on connaît trois marqueurs principaux, qui sont présents dans 80 % des cas (récepteurs à l’œstrogène, récepteurs à la progestérone et récepteurs HER2). Si à la biopsie une tumeur est positive à l’un de ces trois marqueurs, c’est qu’elle est réceptive aux hormones et qu’on peut notamment la traiter par hormonothérapie ».

Cependant, entre 15 et 20 % des cancers du sein ne manifestent aucun de ces trois marqueurs, « c’est pour cette raison qu’on les appelle « triple négatifs ». Or sans marqueur, on ne peut pas cibler les traitements ». La seule option thérapeutique à ce jour reste la chirurgie associée à la chimiothérapie et/ou la radiothérapie, « mais ce sont des traitements à large spectre qui atteignent malheureusement beaucoup d’autres tissus et provoquent de nombreux effets secondaires ». Pour Chloé, « L’espoir serait de découvrir de nouveaux marqueurs pour caractériser ces tumeurs, qui permettraient de mettre au point des thérapies plus spécifiques, plus efficaces et avec moins d’effets secondaires ». Depuis un an, elle s’y attèle. Avec, déjà, une découverte aussi prometteuse qu’inattendue : une protéine du nom de LEPRE-1, dont on ne soupçonnait jusqu’ici aucun lien avec le cancer.

Cibler LEPRE-1 pour enrayer la progression des tumeurs ?

Pour qu’un cancer se développe, il faut bien entendu des cellules cancéreuses, mais il faut aussi que ces cellules trouvent un environnement favorable pour se développer. On sait que dans le cancer du sein, la densité du réseau de collagène dans la glande mammaire favorise la progression des tumeurs et la formation de métastases. Reste à comprendre à quoi cette densification est due… La découverte de LEPRE-1 marque sans doute un bond en avant : « On a trouvé une grande quantité de protéines LEPRE-1 dans les tumeurs mammaires, comparées à des tissus normaux. Or LEPRE-1 modifie justement les fibres de collagène ! ».

A présent, l’objectif de Chloé sera de « mieux comprendre le rôle de cette protéine dans le développement du cancer du sein. Si nos résultats confirment l’implication de LEPRE-1 dans la progression tumorale, on peut espérer utiliser LEPRE-1 comme un nouveau marqueur et développer des traitements ciblant cette protéine pour réduire la densité de collagène dans les cancers triple négatifs, et ainsi enrayer la formation de tumeurs ».

Soutenue par la boutique de lingerie tilffoise « Les Princesses », la recherche de Chloé devrait aboutir d’ici trois ans. La biologiste confie : « ça fait terriblement chaud au cœur que des personnes se démènent pour faire avancer la recherche contre le cancer. Sans de telles initiatives, il n’y aurait quasiment pas de recherche. Et moi, je ne serais certainement pas là ! ».

Focus sur nos sponsors

Contre le cancer du sein, Laurence WELKENHUYZEN et sa boutique de lingerie Les Princesses à Tilff soutiennent les « nouvelles combattantes »

Laurence Welkenhuyzen

 

Derrière la boutique de lingerie "Les Princesses" une femme vive, bouillonnante d’idées et débordante de cœur… « Tilffoise d’adoption », comme elle se plaît à le rappeler, Laurence Welkenhuyzen multiplie les actions pour soutenir la recherche sur le cancer du sein. Elle raconte sa prise de conscience brutale, après plus de 25 ans de métier « au cœur de la femme ».

« Jeune fille, j’hésitais à devenir psychologue, ou bien comédienne », sourit Laurence. « Finalement je n’ai pas dû choisir : le milieu de la lingerie est exactement à l’intersection des deux métiers. C’est du spectacle, du show, mais c’est aussi épancher la souffrance de femmes en détresse, de femmes qui ne se sentent pas belles, en quête de féminité. Il faut être à l’écoute, tâcher de leur faire du bien ».

 « Je ne pouvais plus rester spectatrice »

Affairée à chouchouter ses clientes « comme des Princesses », Laurence n’avait jamais été confrontée au cancer du sein. Mais un choc la mènerait bientôt à s’engager pour soutenir la recherche. « Souvent, j’apercevais dans le décolleté des femmes un petit point noir, comme un grain de beauté entre les seins, que je trouvais si séduisant... Jusqu’au jour où une cliente m’a demandé un dessus qui pourrait le cacher, comme s’il était honteux. Elle m’a alors révélé que ce petit grain si particulier, toujours placé au même endroit, était en fait la marque du point d’injection de la chimiothérapie. D’un coup, j’ai réalisé que j’en voyais défiler des dizaines dans ma boutique ». Plus tard, elle verrait d’autres cicatrices plus évidentes, parfois terribles. «  Puis ma maman a été touchée, elle aussi, et en est décédée. Je ne voulais plus rester spectatrice de tant de drames. Je devais faire quelque chose ».

Un défilé très glamour pour la recherche

Bombardée ambassadrice belge de la marque de lingerie Aubade en 2018, Laurence décide de mobiliser ce contact privilégié pour monter une action d’éclat, qui serait la première d’une longue série. Elle rassemble des sponsors, collecte des fonds, fait venir des mannequins Aubade de Paris… Si bien que le 11 novembre 2018, jour du centenaire de l’Armistice, se tient un éblouissant défilé de lingerie au cœur de Liège Airport, dont l’entièreté des bénéfices sera reversé à la Fondation Léon Fredericq. « Comme il n’y a presque plus d’anciens combattants à célébrer, j’ai voulu symboliquement célébrer toutes ces « nouvelles combattantes », toutes ces femmes qui luttent au quotidien contre cette terrible maladie ». Une idée pour le moins originale qui séduira immédiatement les Liégeois : « Le défilé a rassemblé plus de 600 personnes, on a même dû refuser du monde, c’était hallucinant ! ». 5.000 € ont été récoltés au profit de la recherche sur cette seule soirée.

Dans tout drame, nous pouvons apporter un peu de fantaisie et tâcher d'acceuillir chaque chose avec optimisme et sérénité.

LAURENCE WELKENHUYZEN

 

Dans la foulée de ce premier succès, Laurence ne cesse d’imaginer de nouvelles actions pour récolter des fonds en attendant que la situation sanitaire lui permette d’organiser des événements plus ambitieux. « J’ai notamment réalisé une centaine de robes qui arboraient le slogan « Qui recherche trouve », puis de grands badges, de la taille d’un petit sein. Tout a été vendu ! ». Durant le confinement, Laurence poursuit l’organisation de défilés de lingerie Aubade, mais cette fois dans sa boutique Les Princesses, et retransmis en live via Facebook. À chaque édition, elle fait venir une guest star pour soutenir l’appel aux dons : l’humoriste Manon Lepomme, la créatrice de robes de mariée Ann Piron, la représentante de la marque Aubade à Paris, l’animatrice de Classic 21 Gabrielle Davroy… Malicieuse, Laurence prévient : « Je ne suis pas à une guest star près et… la prochaine pourrait bien décoiffer ! ». Peinée par les inondations qui ont ravagé la Wallonie cet été, elle a mis aussi sur pied l’opération « Solidarité culottée » : 8.000 pièces de lingerie neuve ont été distribuées aux sinistrées de la région !

Qui sait quelle sera sa prochaine lubie ? « Il va falloir que je trouve de nouvelles idées ! La Fondation Léon Fredericq me tient à cœur… Parce qu’elle est liégeoise, mais aussi parce que les personnes qui y travaillent sont pleines d’humanité ».

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